Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Toi qui es la sœur tourière de l’espérance.
Ô ma fille entre toutes première. Toi qui réussis même,
Toi qui réussis quelquefois
Toi qui couches l’homme au bras de ma Providence
Maternelle
Ô ma fille étincelante et sombre je te salue
Toi qui répares, toi qui nourris, toi qui reposes
Ô silence de l’ombre
Un tel silence régnait avant la création de l’inquiétude.
Avant le commencement du règne de l’inquiétude.
Un tel silence régnera, mais un silence de lumière
Quand toute cette inquiétude sera consommée,
Quand toute cette inquiétude sera épuisée.
Quand ils auront tiré toute l’eau du puits.

Après la consommation, après l’épuisement de toute cette inquiétude

D’homme.
Ainsi ma fille tu es ancienne et tu es en retard

Car dans ce règne d’inquiétude tu rappelles, tu commémores, tu rétablis presque,

Tu fais presque recommencer la Quiétude antérieure
Quand mon esprit planait sur les eaux.

Mais aussi ma fille étoilée, ma fille au manteau sombre, tu es très en avance, tu es très précoce.

Car tu annonces, car tu représentes, car tu fais presque commencer d’avance tous les soirs

Ma grande Quiétude de lumière
Éternelle.
Nuit tu es sainte, Nuit tu es grande, Nuit tu es belle.
Nuit au grand manteau.

Nuit je t’aime et je te salue et je te glorifie et tu es ma grande fille et ma créature