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Un premier repos
Avant-coureur du repos éternel.
Un premier baume, si frais, une première béatitude
Avant-coureur de la béatitude éternelle.
Toi qui apaises, toi qui embaumes, toi qui consoles.
Toi qui bandes les blessures et les membres meurtris.
Toi qui endors les cœurs, toi qui endors les corps
Les cœurs endoloris, les corps endoloris,
Courbaturés,
Les membres rompus, les reins brisés
De fatigue, de soucis, des inquiétudes
Mortelles,
Des peines,
Toi qui verses le baume aux gorges déchirées d’amertume
Si frais
Ô ma fille au grand cœur je t’ai créée la première
Presque avant la première, ma fille au sein immense
Et je savais bien ce que je faisais.
Je savais peut-être ce que je faisais.
Toi qui couches l’enfant au bras de sa mère
L’enfant tout éclairé d’une ombre de sommeil
Tout riant en dedans, tout riant secret d’une confiance en sa mère.
Et en moi,
Tout riant secret d’un pli des lèvres sérieux
Toi qui couches l’enfant tout en dedans gonflé, débordant d’innocence
Et de confiance
Au bras de sa mère.
Toi qui couchais l’enfant Jésus tous les soirs
Au bras de la Très sainte et de l’Immaculée.