Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/447

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Je les plains. Je leur en veux. Un peu. Ils ne me font pas confiance.

Comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère ainsi ils ne se couchent point

Innocents dans les bras de ma Providence.

Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire.

Ils ont la vertu de travailler. Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire.

De se détendre. De se reposer. De dormir.
Les malheureux ils ne savent pas ce qui est bon.
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.

Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit.

Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.

Celui qui ne dort pas est infidèle à l’Espérance.
Et c’est la plus grande infidélité.
Parce que c’est l’infidélité à la plus grande Foi.

Pauvres enfants ils administrent dans la journée leurs affaires avec sagesse.

Mais le soir venu ils ne se résolvent point.

Ils ne se résignent point à en confier le gouvernement à ma sagesse

L’espace d’une nuit à m’en confier le gouvernement.
Et l’administration et tout le gouvernement.
Comme si je n’étais pas capable, peut-être, de m’en occuper un peu.
D’y veiller.
De gouverner et d’administrer et tout le tremblement.

J’en administre bien d’autres, pauvres gens, je gouverne la création, c’est peut-être plus difficile.