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Tes champs et tes vallons sont plus propres que le jardin du roi.

Dans tes champs les plus étendus je ne vois pas une seule mauvaise herbe.

Peuple laborieux j’ai beau regarder tes champs sont purs comme un beau jardin.

Et tes vallons au loin qui se recourbent mollement.

Pleins de fécondité. Bien gonflés sous la main. Avec des recreux de secret.

Peuple diligent la charrue et la herse et le rouleau, la bêche et le râteau et la pioche et la houe et le plantoir et le cordeau

Ne s’ennuient pas dans tes mains.
Ne chôment pas dans tes mains.

Tu n’as pas peur d’y toucher. Tu ne les regardes pas de loin avec des cérémonies.

Mais la charrue et la herse et le rouleau et la pelle et la pioche et la bêche et la houe.

Tu en fais des bonnes honnêtes ouvrières, des outils d’honnête homme.
Tu n’as pas peur de les approcher.

La paume de ta main polit le manche de l’outil, lui donne un beau luisant de bois.

Le manche de l’outil polit la paume de ta main, lui donne un beau luisant de cuir.

Jaune.

Tes outils tu en fais des outils alertes. Des outils diligents. Des outils honnêtes.

Des outils qui vont vite. Et ils sont bien emmanchés.
Peuple premier, tu es le premier dans le potager.
Le premier dans le verger. Le premier dans le jardin.
Le premier dans le champ.