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Éternellement jeune, éternellement pure.
Éternellement fraîche, éternellement courante.
Éternellement vive.
Où cette enfant prend-elle tant d’eau pure et tant d’eau claire.
Tant de jaillissement et tant de ressourcement.
Est-ce qu’elle les crée ? À mesure ?
— Non, dit Dieu, il n’y a que moi qui crée.
— Alors où prend-elle toute cette eau.
Pour cette fontaine jaillissante.
Comment que ça se fait que cette éternelle fontaine
Éternellement jaillisse.
Que cette éternelle source
Éternellement source.
Il doit y avoir un secret là-dedans.
Quelque mystère.

Pour que cette source éternellement ne se trouble point aux lourdes, aux épaisses pluies d’automne.

Pour qu’éternellement elle ne tarisse point aux ardentes ardeurs de juillet.

— Bonnes gens, dit Dieu, ça n’est pas malin.
Son mystère n’est pas malin.
Et son secret n’est pas difficile.

Si c’était avec de l’eau pure qu’elle voulût faire des sources pures,

Des sources d’eau pure,
Jamais elle n’en trouverait assez, dans (toute) ma création.
Car il n’y en a pas beaucoup.

Mais c’est justement avec les eaux mauvaises qu’elle fait ses sources d’eau pure.

Et c’est pour cela qu’elle n’en manque jamais.