Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE PORCHE

Dans ses plus grands
Débordements.
Mais en vérité celle-ci est une dévergondée.
Elle tient l’homme au cœur, en un point qu’elle sait, et ne le lâche pas.
Elle n’a pas peur. Elle n’a pas honte.
Et si loin qu’aille l’homme, cet homme qui se perd,
En quelque pays,
En quelque obscurité,
Loin du foyer, loin du cœur,
Et quelles que soient les ténèbres où il s’enfonce,
Les ténèbres qui voilent ses yeux,

Toujours une lueur veille, toujours une flamme veille, un point de flamme.

Toujours une lumière veille qui ne sera jamais mise sous le boisseau. Toujours une lampe.

Toujours un point de douleur cuit. Un homme avait deux fils. Un point qu’il connaît bien.

Dans la fausse quiétude un point d’inquiétude, un point d’espérance. Toutes les autres paroles de Dieu sont pudiques. Elles n’osent point accompagner l’homme dans les hontes du péché.

Elles ne vont pas assez avant.
Dans le cœur, dans les hontes du cœur.
Mais celle-ci en vérité n’est pas honteuse.
On peut dire qu’elle n’a pas froid aux yeux.

C’est une petite sœur des pauvres qui n’a pas peur de manier un malade et un pauvre.

Elle a pour ainsi dire
Et même réellement porté un défi au pécheur.
Elle lui a dit : Partout où tu iras, j’irai.
On verra bien.