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Qu’est-ce qu’elle vient faire ici cette drachme qui en vaut neuf autres.

Drôle de calcul, comme qui dirait une livre parisis qui vaut neuf autres livres parisis,

Neuf autres de la même. Quelle drôle d’arithmétique.
C’est pourtant ainsi, mon enfant, que sont faits les comptes de Dieu.


Ainsi étaient faits, mon enfant, les comptes de Jésus. Il est indéniable ; il ne fait aucun doute qu’il y a deux races de saints dans le ciel.

Deux sortes de saints.
(Heureusement qu’ils font bon ménage ensemble).
De même que les soldats du roi et les capitaines
Sont d’une race ou d’une autre mais sont tous des Français.
Et ils font tout de même une seule armée.
Et ils sont tous les soldats (de l’armée) du roi, et les capitaines.
Mais enfin ils proviennent d’une province ou d’une autre.
Ou d’une marche. Les uns de l’une, les autres de l’autre.
Ou d’outre Loire ou de par ici de la Loire.

Ainsi, (et autrement), il faut le dire il y a, il faut dire le mot il y a deux races de saints dans le ciel.

Deux races temporelles.
Deux sortes de saints.
Tout le monde est pécheur. Tout homme est pécheur.
Mais enfin il y a deux grandes races, il y a deux
recrutements.
Il y a un double recrutement des saints qui sont dans le ciel.