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Et qui bat aux tempes comme un roulement de tambour.
L’antique orgueil, vieux comme la race, vieux comme la chair,
et comme la sève du bouleau.
Comme la sève et le sang de l’orgueil, comme la sève et le sang du chêne
L’orgueil charnel voilà ce qu’ils ne connaissent pas,
Ce qu’ils n’ont aucunement éprouvé.
Ils ont bien eu leur orgueil aussi, j’entends ceux qui se sont perdus
Par l’orgueil, Lucifer, Satan. Leur orgueil de perdition.
Mais c’était un pâle orgueil, un orgueil exsangue,
Un orgueil d’esprit, un orgueil de tête,
Nullement un orgueil de cœur et de sang,
Nullement un orgueil de corps,
Nullement un orgueil de cette terrestre
Terre.


C’était un orgueil de pensée, un pauvre orgueil d’idée.
Un pâle orgueil, un vain orgueil tout monté en tête.
Une fumée.
Nullement un gros et gras orgueil nourri de graisse et de sang.
Tout crevant de santé.
La peau luisante.
Et qui aussi n’a pu être racheté que par la chair et le sang.