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Et du même mouvement ils reviennent en arrière sans s’être presque arrêtés.

Comme une jeune tige qui se balance au vent et qui revient de son mouvement naturel.

Pour eux le baiser du père c’est un jeu, un amusement, une cérémonie.
Un accueil.
Une chose qui va de soi, très bonne, sans importance.
Une naïveté.
À laquelle ils ne font seulement pas attention.
Autant dire.
C’est tellement l’habitude.
Ça leur est tellement dû.
Ils ont le cœur pur.
Ils reçoivent ça comme un morceau de pain.
Ils jouent, ils s’amusent de ça comme d’un morceau de pain.

Le baiser du père. C’est le pain de chaque jour. S’ils soupçonnaient ce que c’est pour le père.

Les malheureux. Mais ça ne les regarde pas.
Ils ont bien le temps de le savoir plus tard.

Ils trouvent seulement, quand leurs yeux rencontrent le regard du père.

Qu’il n’a pas l’air de s’amuser assez.
Dans la vie.



Et les enfants quand ils pleurent.
C’est infiniment plus mieux que quand nous rions.
Car ils pleurent en espérance.
Et nous ne rions qu’en foi et en charité.