Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Alors il avait fait un coup (un coup d’audace), il en riait encore quand il y pensait.

Il s’en admirait même un peu. Et il y avait bien un peu de quoi. Et il en frémissait encore.

Il faut dire qu’il avait été joliment hardi et que c’était un coup hardi.

Et pourtant tous les chrétiens peuvent en faire autant.
On se demande même pourquoi ils ne le font pas.
Comme on prend trois enfants par terre et comme on les met tous les trois.
Ensemble. À la fois.
Par amusement. Par manière de jeu.
Dans les bras de leur mère et de leur nourrice qui rit.
Et se récrie.
Parce qu’on lui en met trop.
Et qu’elle n’aura pas la force de les porter.
Lui, hardi comme un homme.
Il avait pris, par la prière il avait pris.
(Il faut que France, il faut que chrétienté continue.)
Ses trois enfants dans la maladie, dans la misère où ils gisaient.
Et tranquillement il vous les avait mis.
Par la prière il vous les avait mis.

Tout tranquillement dans les bras de celle qui est chargée de toutes les douleurs du monde.

Et qui a déjà les bras si chargés.
Car le Fils a pris tous les péchés.
Mais la Mère a pris toutes les douleurs.



Il avait dit, par la prière il avait dit : Je n’en peux plus.