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Parce que ses enfants seront là, pour un coup.

Ses enfants feront mieux que lui, bien sûr.
Et le monde marchera mieux.
Plus tard.
Il n’en est pas jaloux.
Au contraire.
Ni d’être venu au monde, lui, dans un temps ingrat.
Et d’avoir préparé sans doute à ses fils peut-être un temps moins ingrat.
Quel insensé serait jaloux de ses fils et des fils de ses fils.

Est-ce qu’il ne travaille pas uniquement pour ses enfants.

Il pense avec tendresse au temps où on ne pensera plus guère à lui
qu’à cause de ses enfants.
(Si seulement on y pense quelquefois. Rarement.)
Quand son nom retentira (cordialement) dans le bourg,
C’est que quelqu’un appellera son fils Marcel ou son fils Pierre.
C’est que quelqu’un aura besoin de son fils Marcel ou de son fils Pierre.
Et les appellera, heureux de les voir. Et les cherchera.
Car c’est eux qui régneront alors et qui porteront le nom.
Car c’est eux qui régneront avec les hommes de leur âge et de leur temps.
C’est eux qui régneront sur la face de la terre.
Peut-être quelque temps encore un vieux qui se rappellera.