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Madame Gervaise

— Il exauce la souffrance comme il exauce la prière.

Jeannette

— Et quand nous voyons, quand vous voyez que la chrétienté même, que la chrétienté tout entière s’enfonce graduellement et délibérément, s’enfonce régulièrement dans la perdition.

Madame Gervaise

— On verra, on verra, mon enfant. Qu’est-ce que tu en vois. Qu’est-ce que tu en sais. Qu’est-ce que tu sais. Qu’est-ce que nous en savons. On verra voir. Laissons courir, laissons venir la volonté de Dieu. Le monde se perd, le monde s’enfonce dans la perdition. Tu t’en aperçois, tu le vois, depuis quand ? mettons depuis huit ans. Tu l’entends dire, aux vieux, depuis quand ? mettons depuis quarante, depuis cinquante ans. Mettons de père en fils depuis cinquante et cent ans. Et puis après. Que sont quarante, que sont cinquante et cent ans auprès de ce qui est promis à l’Église. Et quand ce serait depuis les treize siècles que ça dure. Que sont des siècles de jours et des siècles d’années. Que sont des siècles de minutes ? Il y aura des siècles de siècles. Nous sommes de l’Église éternelle. Nous sommes dans la chrétienté éternelle. Nous sommes de la chrétienté éternelle. Ces temps sont venus, il y aura d’autres temps. Ces temps sont venus, il y aura, il y a l’éternité. Que pèsent des siècles de siècles du temps en face de l’éternité.