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Jeannette

— Une âme, une seule âme est d’un prix infini. Que sera-ce le prix d’une infinité d’âmes ?

Madame Gervaise

— Tu me forces. Tu me dépasses. Quand on dit sauver une âme, cela veut dire sauver cette âme, qu’on pense à cette âme ; au salut de cette âme. On dit : sauver une âme. Cela ne veut pas dire qu’on exclut les autres, qu’on pense, qu’on travaille contre les autres, en dehors des autres ; qu’on se prononce contre les autres, en dehors des autres ; qu’on prie en dehors des autres.

Car ce serait prier en dehors de la communion.

Quand on dit sauver une âme, on dit, on veut dire une âme, une certaine âme. On ne dit pas une, une seule comme quand on compte un, deux, trois.

On ne prie jamais en dehors de personne.

De manière à tenir personne en dehors.

On ne prie jamais contre personne.

On dit sauver une âme, on dit comme ça.

Jeannette
Comme n’entendant pas :

— Que sera-ce le prix d’une infinité d’âmes ?

Madame Gervaise

— On doit penser à tous, on doit prier pour tous. Trop heureuses quand sa faveur infinie veut bien choisir cette âme parmi celles que nous avons aimées. Ah ! Jeannette, si tu savais …