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Le misérable, le doublement misérable, le misérable de l’une et de l’autre main.

Un péché qui n’est plus seulement comme tous les autres. Comme les autres péchés. Comme tout le monde des péchés. Comme les péchés ses frères, ses misérables frères. Un péché nouveau. Un péché bien inventé. Un péché en dehors des autres. De tous les autres. Un péché qui fait jouer ensemble les vertus et les vices, également les vertus et les vices. Et même plus, et peut-être mieux, certainement mieux les vertus que les vices. Qui règne d’abord sur les autres péchés ses frères, ses petits frères, ses honteux frères, ses frères de perdition. Qui règne pour ainsi dire également sur les vertus. Et même plus sur les vertus, plutôt sur les vertus, pour ainsi dire mieux sur les vertus. Qui réunit, qui unit dans une basse, dans une honteuse servitude, qui utilise, qui égalise dans une bassesse, dans une commune, dans une honteuse égalité les vertus et les vices.

Qui joue également l’un et l’autre jeu.

Le vieil orgueil veille, mon enfant. Prends garde, prends garde, le vieil orgueil veille.

Le premier, le plus vieux maître du monde. Le plus vieux maître de servitude. Le premier inventé. Le plus vieil inventé. L’orgueil qui perdit les anges mêmes.

Le maître qui joue l’un et l’autre jeu. Qui donne et qui prend de l’une et l’autre main. Qui met des deux mains. Qui joue les deux jeux.

Le vieil orgueil ne se couche jamais. Prends garde,