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d’œuvre que de détourner vers le péché les sentiments mêmes qui nous poussaient vers Dieu, qui nous jetaient à Dieu.

Qui nous conduisaient, qui nous mettaient au service de Dieu.

Nous avons deux sortes de sentiments, mon enfant. Deux races de sentiments croissent en nous, poussent en nous, mon enfant, se partagent notre âme, deux races de passions ; deux versants de plans inclinés nous entraînent ; deux jeux de mécanisme nous font pencher, nous inclinent ; deux mécanismes, deux versants de pentes nous entraînent ; deux mécanismes d’inclination, deux inclinaisons nous font glisser, nous font tomber d’un côté ou de l’autre.

Il y a les sentiments qui nous inclinent, qui nous conduisent vers Dieu, qui nous mènent, qui nous ramènent à Dieu ; il y a les passions qui nous jettent à Dieu ; il y a les mécanismes, les jeux de mécanisme qui nous poussent à Dieu ; il y a le versant, le plan incliné, l’inclination, l’inclinaison qui nous fait glisser, qui nous fait tomber du côté de Dieu.

Et malheureusement, hélas hélas il y a l’autre côté. Il y a les sentiments qui nous déclinent, qui nous déduisent, qui nous séduisent, qui nous détournent de Dieu ; qui nous démènent, qui nous déconduisent, qui nous déramènent, qui nous séduisent de Dieu ; il y a les passions qui nous arrachent de Dieu ; il y a les mécanismes, les jeux de mécanisme qui nous tirent de Dieu ; il y a le versant, le plan incliné qui nous fait déraper de Dieu ; l’inclination, l’inclinaison qui nous fait glisser, qui nous fait tomber de l’autre côté, hélas, que le côté de Dieu.