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Comme un voyageur las au soir de son voyage,
Il voyait la maison.


Et comme un moissonneur au soir de sa journée,
Aux deux mains de son père il versait son salaire ;
Comme un moissonneur las au soir de sa moisson,
Aux deux mains de son père il versait son salaire,
Les âmes des justes qu’il avait rachetées,
Le salaire qu’il avait gagné si durement.
Les âmes des saints qu’il avait sanctifiées.
Les âmes des justes qu’il avait justifiées.
Et les âmes des pécheurs qu’il avait justifiés de l’une et de l’autre main.
Qu’il avait ramassés comme un épi tombé.
Qu’il avait justifiés par ses mérites.


Les âmes des justes qu’il avait gagnées comme un travailleur à la journée.
Comme un pauvre journalier qui travaille dans les fermes.
Comme un pauvre ouvrier qui se dépêche de travailler.
Tout ce qu’il avait amassé.
Tout ce qu’il avait pu ramasser d’âmes en travaillant bien.
Une pleine brassée.
Tout ce qu’il pouvait tenir dans ses deux mains.
En ne perdant pas son temps.
Parce que c’était le temps de son patron.
De son père qui était son patron.
Tout ce qu’il pouvait tenir dans ses bras.
Dans ses bras éternels.
Les âmes des justes qu’il avait parfumées de ses vertus.