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Les instituteurs ne font point tant partie du parti intellectuel. Ni tant qu’ils le croient. Ni tant qu’ils le voudraient bien. Ils ont tant d’autres attaches encore dans le pays réel, quoi qu’ils fassent. Ils sont beaucoup plus les agents de la culture qu’ils ne le voudraient. Les professeurs de l’enseignement secondaire n’en font pour ainsi dire aucunement partie, excepté les politiciens, les quelques-uns qui ont chauffé leur avancement, leur rapide acheminement sur Paris. Autrement, pour tout le reste, pour tous les autres, pour tout le corps, on peut dire, il faut dire que l’enseignement secondaire, tout démantelé qu’il soit, tout défait que l’on l’ait fait, est encore la citadelle, le réduit de la culture en France.

On fait quelquefois grand état, dans le supérieur, au moins dans le commencement, dois-je dire pour épater les nouveaux, les jeunes gens, de ce que les professeurs de l’enseignement secondaire font des classes, tandis que messieurs les maîtres et professeurs de l’enseignement supérieur au contraire font des cours. Il faut malheureusement le leur dire : Dans l’état actuel de l’enseignement c’est dans les classes que se distribue encore beaucoup de culture, et c’est dans les cours qu’il n’y en a plus.

Ceux qui sont acharnés surtout, comme parti politique, comme parti intellectuel, ceux qui sont forcenés, ce sont ces jeunes gens qui passent directement de l’ancienne et de la nouvelle École Normale au Parti Socialiste Unifié. Les dernières élections viennent de nous envoyer encore tout un paquet de ces jolis garçons. Les enfants de chœur, notamment celui qui est si joli et joufflu. Comme c’est son devoir d’enfant de chœur.