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de température, un coup de fièvre obsidionale, mais une deuxième révolte, une deuxième explosion de la mystique républicaine et nationaliste ensemble, républicaine et ensemble, inséparablement patriot(iqu)e ; les journées de mai furent certainement une perturbation et non pas une restauration ; la République fut une restauration jusque vers 1881 où l’intrusion de la tyrannie intellectuelle et de la domination primaire commença d’en faire un gouvernement de désordre.

C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que le 2 Décembre fut le Châtiment, l’Expiation du 18 Brumaire, et que le Deuxième Empire fut le Châtiment du Premier. Mais loin d’être la réplique du premier le Second Empire fut en un sens tout ce qu’il y eut de plus contraire au premier. Le Premier Empire fut un régime d’ordre, d’un certain ordre. Il fut même, sous beaucoup d’indisciplines, même militaires, comme une sorte d’apothéose de la discipline, éminemment de la discipline militaire. Il fut un régime d’un très grand ordre et d’une très grande histoire. Le Deuxième Empire fut un régime de tous les désordres. Il fut réellement l’introduction d’un désordre, d’un certain désordre, l’introduction, l’installation au pouvoir d’une certaine bande, déconsidérée, très moderne, très avancée, nullement ancienne France, nullement ancien régime. Ou encore on peut dire que le Deuxième Empire est le plus gros boulangisme que nous ayons eu, et aussi le seul qui ait réussi.

La Révolution au contraire, la grande, avait été une