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une, en la politique monarchiste, en la politique royaliste. N’avons-nous pas vu pendant des siècles, ne voyons-nous pas tous les jours les effets de cette politique. N’avons-nous pas assisté pendant des siècles à la dévoration de la mystique royaliste par la politique royaliste. Et aujourd’hui même, bien que ce parti ne soit pas au pouvoir, dans ses deux journaux principaux nous voyons, nous lisons tous les jours les effets, les misérables résultats d’une politique ; et même, je dirai plus, pour qui sait lire, un déchirement continuel, un combat presque douloureux, même à voir, même pour nous, un débat presque touchant, vraiment touchant entre une mystique et une politique, entre leur mystique et leur politique, entre la mystique royaliste et la politique royaliste, la mystique étant naturellement à l’Action française, sous des formes rationalistes qui n’ont jamais trompé qu’eux-mêmes, et la politique étant au Gaulois, comme d’habitude sous des formes mondaines. Que serait-ce s’ils étaient au pouvoir. (Comme nous, hélas).

On nous parle toujours de la dégradation républicaine. Quand on voit ce que la politique cléricale a fait de la mystique chrétienne, comment s’étonner de ce que la politique radicale a fait de la mystique républicaine. Quand on voit ce que les clercs ont fait généralement des saints, comment s’étonner de ce que nos parlementaires ont fait des héros. Quand on voit ce que les réactionnaires ont fait de la sainteté, comment s’étonner de ce que les révolutionnaires ont fait de l’héroïsme.