Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand un régime est une thèse, parmi d’autres, (parmi tant d’autres), il est par terre. Un régime qui est debout, qui tient, qui est vivant, n’est pas une thèse.

— Qu’importe, nous disent les politiciens, professionnels. Qu’est-ce que ça nous fait, répondent les politiciens, qu’est-ce que ça peut nous faire. Nous avons de très bons préfets. Alors qu’est-ce que ça peut nous faire. Ça marche très bien. Nous ne sommes plus républicains, c’est vrai, mais nous savons gouverner. Nous savons même mieux gouverner, beaucoup mieux que quand nous étions républicains, disent-ils. Ou plutôt quand nous étions républicains nous ne savions pas du tout. Et à présent, ajoutent-ils modestement, à présent nous savons un peu. Nous avons désappris la République, mais nous avons appris de gouverner. Voyez les élections. Elles sont bonnes. Elles sont toujours bonnes. Elles seront meilleures. Elles seront d’autant meilleures que c’est nous qui les faisons. Et que nous commençons à savoir les faire. La droite a perdu un million de voix. Nous lui en eussions aussi bien fait perdre cinquante millions et demi. Mais nous sommes mesurés. Le gouvernement fait les élections, les élections font le gouvernement. C’est un prêté rendu. Le gouvernement fait les électeurs. Les électeurs font le gouvernement. Le gouvernement fait les députés. Les députés font le gouvernement. On est gentil. Les populations regardent. Le pays est prié de payer. Le gouvernement fait la Chambre. La Chambre fait le gouvernement. Ce n’est point un cercle vicieux, comme vous pourriez le croire. Il n’est point du tout vicieux. C’est