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être encore vivante, et de faire représenter sur le théâtre d’Athènes la désolation de la cour de Perse après la déroute de ce prince.

On voit de reste combien il y auroit à dire sur ce rapprochement généralement mal fondé de la tragédie française avec la tragédie grecque.

Cependant ce même Eschyle s’était trouvé en personne à la bataille de Salamine, où Xerxès avait été vaincu. Et il s’était trouvé encore à la défaite des lieutenants de Darius, père de Xerxès, dans la plaine de Marathon. Car Eschyle était homme de guerre, et il était frère de ce fameux Cynégire dont il est tant parlé dans l’antiquité, et qui mourut si courageusement en attaquant un des vaisseaux du roi de Perse.

Cynégire t’eût dit : Nous sommes deux égaux ! Dans cette prose désarmante de Racine, si modeste, si à sa place, comme tout ce qui est de notre dix-septième siècle, si sourde on sent constamment courir, ou plutôt sous cette prose, une arrière, une sous-inquiétude d’obtenir des différenciations, d’obtenir, par un voyage annuel, une différenciation, une différence nouvelle annuelle. Du moins je sens cette constante, cette perpétuellement renaissante inquiétude.

§80. — Ce texte comme tant de textes et sans qu’on s’en aperçoive court sur deux plans. Expressément, sur un premier plan, il ne parle d’éloignement que pour justifier de sa dignité, de la dignité de cette nouvelle tragédie. Au-dessous, sur un deuxième plan, ce texte