§21. — Les cornéliens ne se blessent jamais, même et surtout quand ils se tuent ; leur honneur alors est précisément de ne point se blesser, en un sens de ne point se faire de mal. Plus ils sont ennemis, plus ils se battent, moins aussi, moins donc ils se veulent du mal, moins ils se veulent de mal, moins ils se blessent et ils veulent se blesser. C’est l’idée cornélienne même, on pourrait dire le système cornélien, le grand honneur cornélien. Au contraire ces malheureux personnages de Racine, ils ont tellement la cruauté dans le sang, dans le sang charnel, que même quand ils ne sont pas ennemis, même quand ils ne se battent pas, ils se blessent toujours. Ils sont naturellement blessants. Ils blessent par métier, par office, par nature. Par attitude. Ils blesseraient pour se donner une contenance. Ils sont venus au monde blessants et un constant exercice aiguise leur cruauté, maintien l’aigu, la pointe de leur cruauté. De leur blessement. Même quand ils ne veulent pas de mal, ils s’en font. Par nature, par entraînement ; par habitude, par exercice ; par maintien, par cette contenance ; par désœuvrement, le pire de tout ; par attitude prise, gardée ; par une attitude de cœur. Par goût acquis, gardé. Et ils finissent toujours par se vouloir du mal, ne fût-ce que de s’en faire et de s’en être fait.
§22. — La libéralité est une certaine grâce dans les questions d’argent. L’avarice au contraire y est une certaine rétractilité.
§23. — Il y a aussi et généralement, (et c’est la