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Nous aussi, à défaut de couleurs, nous avons nos hachures. Mais il nous en manque. Il nous faudrait notamment un degré plus fort pour le dernier vers. Pour la plénitude souveraine, pour le calme horizontal de ce dernier vers.


Faut-il noter, quand on analyse un peu dans le détail, que quand les vers ne sont pas tout à fait pleins et que même dans les vers pleins toute la force vient à la rime, comme il faut.


Faut-il entrer enfin dans le fin du travail, dans le dernier métier, dans le dernier détail, signaler ce parallélisme poussé, cette singulière conformité, plus que conformité, identité de construction entre cette avant-dernière strophe et une autre strophe lançante, une autre avant-dernière strophe du milieu du poème. Une identité de structure, d’ossature saisissante. Oh oh est-ce que nous aussi nous allons instituer un laboratoire de littérature française rue de la Sorbonne. Je pose les deux strophes sur la table de mon laboratoire. Voici la première, celle de la fin, l’avant-dernière ; on commence peut-être à la savoir :

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

Et tout reste en l’air.