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Un homme comme Hugo, un vieux politicien, poète, politicien, s’aperçoit très bien, au moins de temps en temps, moitié instinct, moitié intelligence, moitié compréhension ; moitié entente ; que c’est encore le génie qui rapporte le plus, et même au fond qu’il n’y a peut-être que le génie qui rapporte ; que c’est le meilleur placement, peut-être le seul ; que c’est le génie en définitive qui donne le volume, la surface de base, la base d’appui ; que le parasite ne serait rien sans le parasité ; que les pièces fausses ne prendraient pas, s’il n’y en avait de vraies.

Que ce sont les bonnes pièces en un sens qui authentiquent les mauvaises, que ce sont les pièces vraies pour ainsi dire qui garantissent les fausses. Qui font toute la valeur, si l’on peut dire, la valeur de circulation, des fausses.



On a commencé de saisir ce que c’est un peu que ce texte extraordinaire, Booz endormi, quand on a vu qu’il est essentiellement un ressaisissement. Un texte, une œuvre du ressaisissement du génie sur le talent, hors du talent. Le fruit unique du ressaisissement, d’un ressaisissement unique, d’une opération unique du ressaisissement. Un ressaisissement si souverain, si maître, si sûr de soi qu’il n’ignore pas même le talent, qu’il n’en fait pas même abstraction, qu’il ne tombe même pas à plat, dans ses propres absences, comme dans la grande honnêteté de Corneille, mais qu’il en