Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(encore) plus bonne que vous ne le pensez. Ma découverte entre, comme partie intégrante, dans l’histoire de la littérature, et même dans l’histoire des lettres françaises. Ou alors il n’y a plus de justice. (Et surtout il n’y a plus de système.) Hugo était un faiseur. Ménagez-moi, je vous en prie, ne vous riez pas de moi. Ma découverte n’est pas que Hugo était un faiseur. Ce ne serait pas une découverte. Mais nous disons qu’il était un faiseur mais nous ne savons point jusqu’à quel point il était un faiseur. Ce sont de ces choses que l’on dit, que l’on a pris l’habitude de dire, et on ne sait pas soi-même jusqu’à quel point c’est vrai. Voici un monument. Au commencement de sa carrière, et même pendant toute sa carrière (car il (re)commençait toujours, il trouvait qu’il n’en avait jamais assez, il savait bien qu’on est toujours dans l’attitude d’un débutant, que l’on débute toujours pour la fortune, et peut-être pour l’art), mais surtout pendant la première moitié de sa carrière il affectait de mettre au moindre de ses poèmes des épigraphes extraordinaires pour bien nous convaincre qu’il avait, comme on dit, une littérature inépuisable. Cela commençait dès les Odes et Ballades. On sait aussi que c’était l’habitude de son temps, je veux dire depuis Chateaubriand et dans toute cette première grande moitié du romantisme. C’était le commencement du romantisme. Dans le romantisme c’était le commencement de l’archéologie. Mais ce n’était pas seulement le commencement de l’archéologie romantique. C’était aussi et surtout déjà le commencement de toute notre archéologie scientifique. Or c’est presque un fait important de l’histoire littéraire, au moins de son histoire et de son histoire littéraire que ce soin qu’il avait, qu’il mettait,