blique. Car il est vrai que la République idéale est régie par des héros ou par des aristocrates. Tout l’art est d’élever les hommes libres à se laisser conduire par des aristocrates et des héros.
Il était trop du peuple et trop de l’antiquité latine, pour n’être pas républicain, ce Péguy.
Nous tous, qui avons sucé la mamelle de la gloire dans les classiques, dans le latin de Tite Live et de Cicéron, dans le grec de Périclès selon Thucydide et de Démosthène et d’Eschyle, nous en gardons, non pas les dents agacées, mais la bouche éternellement chaude et la gorge altérée. Le propos de la gloire et celui de la liberté se tiennent, comme les Dioscures au combat se prêtent la main.
Passion de la gloire dans le cœur d’un enfant ingénu, et dans l’âme d’un adolescent qui vole vers son rêve ! c’est un feu pour toute la vie. On a beau l’étouffer : il est toujours là qui veille. On l’épure. On mue la chaleur en lumière. On s’élève même à la sainteté. Mais en ceux qui ont bu de ce sang héroïque à guise de lait, ce premier amour est le foyer qui ne s’éteint qu’avec l’existence ; et dans leur mort même, je gage, si l’on savait chercher, qu’il y a ce tison de soleil, au fond du cœur : la gloire.
La gloire est l’auréole des saints : ils sont païens par elle. La gloire est notre gage d’immortalité ; et l’amour de la gloire est ce qui nous persuade encore d’être immortels.
Nul en son temps, plus que Péguy n’aima la gloire. Ce petit homme gris portait une ambition immortelle. Elle est, sans doute, la suprême duperie. Mais quoi ? ce n’est pas être dupe de chercher une raison de croire