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travail valait, pesait la masse d’armes. Un homme pesait un homme. Aujourd’hui un ouvrier ne travaille pas avec un fusil Lebel ou un canon de 95.



Ainsi par cette courbure, par ce courbement général déjà la terre penche mon front vers la terre. Quand je m’en vais déjà, les mains derrière le dos, mon parapluie sous le bras, le dos rond, je sens monter la courbure, suivant la terre, pensant à la terre. Je marcherai avec un bâton, comme les vieillards thébains, (ces autres paysans). Il ne faut pas m’en défendre. Il ne faut donc pas non plus que l’on m’en défende. Comme je ne m’en défends pas, ainsi que l’on ne m’en défende pas. Il y a deux bonnes raisons, au moins, pour que je ne m’en défende pas, pour que l’on ne m’en défende pas. Sans compter la troisième d’abord, c’est que d’être peuple, il n’y a encore que ça qui permette de n’être pas démocrate. La première suffit, c’est que ce serait parfaitement inutile. De telles défenses ne sont pas seulement impies, elles ne sont pas seulement fausses, elles ne sont pas seulement ingrates, elles ne sont pas seulement des défenses d’ingratitude, de telles défenses n’ont jamais servi à rien. Et elles ne sont pas seulement inutiles, elles ne sont pas seulement vaines. Elles sont sottes.

Elles sont doublement sottes. Sottes parce qu’elles sont inutiles. Et c’est déjà beaucoup. Sottes parce qu’elles sont condamnées. C’est plus que suffisant,