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je suis, Halévy, il suffit de me voir, il suffit de me regarder, un instant, pour le savoir. Un enfant y pourvoirait. J’ai beau faire ; j’ai eu beau me défendre. En moi, autour de moi, dessus moi, sans me demander mon avis tout conspire, au-dessus de moi, tout concourt à faire de moi un paysan non point du Danube, ce qui serait de la littérature encore, mais simplement de la vallée de la Loire, un bûcheron d’une forêt qui n’est pas même l’immortelle forêt de Gastine, puisque c’était la périssable forêt d’Orléans, un vigneron des côtes et des sables de Loire. Déjà je ne sais plus quoi dire, ni même comment me tenir même dans ces quelques salons amis, où j’allais quelquefois. Je n’ai jamais su m’asseoir dans un fauteuil, non par crainte des voluptés, mais parce que je ne sais pas. J’y suis tout raide. Ce qu’il me faut, c’est une chaise, ou un tabouret. Plutôt la chaise ; pour les reins ; le tabouret quand j’étais jeune. Les vieux sont malins. Les vieux sont tenaces. Les vieux vaincront. Mon vêtement et mon corps, (ce premier vêtement, ce déjà vêtement), (et ça m’étonne, car j’ai les mêmes fournisseurs que tout le monde, pourtant j’ai les mêmes fournisseurs que tout le monde), (je ne parle pas pour le corps, je parle pour l’autre, pour le deuxième vêtement, je ne parle pas pour le vêtement organique, je parle pour le vêtement industriel, ancien organique, en tissu industriel, ancien organique, non plus en tissu cellulaire vivant actuellement organique pour ainsi dire histologique), mon vêtement, et aussi mon vêtement de dessous, mon vêtement le corps, mes souliers, la semelle de mes souliers, la terre qui est sous la semelle de mes souliers, les deux pieds qui sont dans mes souliers, les jambes qui sont au bout des pieds, en par-ici,