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à en faire, des explications et des explications, que nous en sommes saturés. Au besoin nous ferions les siennes. Nous allons au devant des siennes, et c’est précisément ce qui les émousse pour nous. Nous sortons d’en prendre. Nous savons y faire. Dans le besoin nous les ferions. Mais qu’au courant de la plume, et peut-être, sans doute sans qu’il y ait pensé dans un article de Maurras je trouve, comme il arrive, non point comme un argument, présentée comme un argument, mais comme oubliée au contraire cette simple phrase : Nous serions prêts à mourir pour le roi, pour le rétablissement de notre roi, oh alors on me dit quelque chose, alors on commence à causer. Sachant, d’un tel homme, que c’est vrai comme il le dit, alors j’écoute, alors j’entends, alors je m’arrête, alors je suis saisi, alors on me dit quelque chose. Et l’autre jour aux cahiers, cet autre jeudi, quand on eut discuté bien abondamment, quand on eut commis bien abondamment ce péché de l’explication, quand tout à coup Michel Arnauld, un peu comme exaspéré, un peu comme à bout, de cette voix grave et sereine, douce et profonde, blonde, légèrement voilée, sérieuse, soucieuse comme tout le monde, à peine railleuse et prête au combat que nous lui connaissons, que nous aimons en lui depuis dix-huit ans, interrompit, conclut presque brusquement : Tout cela c’est très bien parce qu’ils ne sont qu’une menace imprécise et théorique. Mais le jour où ils deviendraient une menace réelle ils verraient ce que nous sommes encore capables de faire pour la République, tout le monde comprit qu’enfin on venait de dire quelque chose.