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niqueur ; à ce grand chroniqueur d’un autre grand saint ; et d’un autre grand saint français, j’avais pour le faire de multiples autorités de raison.

Mais tel est le jeu des partis. Les partis politiques, les partis parlementaires, tous les partis politiques ne peuvent tenir aucun propos que dans le langage politique, parlementaire, ils ne peuvent engager, soutenir aucune action que sur le terrain, sur le plan politique, parlementaire. Et surtout, et en outre, et naturellement ils veulent que nous en fassions autant. Que nous soyons constamment avec eux, parmi eux. De tout ce que nous faisons, de tout ce qui fait la vie et la force d’un peuple, de nos actes et de nos œuvres, de nos opérations et de nos conduites, de nos âmes et de nos vies ils effectuent incessamment, automatiquement, presque innocemment une traduction en langage politique, parlementaire, une réduction, un rabattement, une projection, un report sur le plan politique, parlementaire. Ainsi ils n’y entendent, ils n’y comprennent rien, et ils empêchent les autres d’y rien comprendre. Ils nous déforment, ils nous dénaturent incessamment et en eux-mêmes dans leur propre imagination et auprès de ceux qui les suivent, de ceux qui en sont, dans les imaginations de ceux qui les suivent. Tout ce que nous disons, tout ce que nous faisons, ils le traduisent, ils le