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retrouver la ligne, la direction, pour nous redonner, pour retrouver la justice et la justesse, il est un exercice salubre, excellent pour la justice, pour la justesse, pour la bonne santé intellectuelle et morale, excellent pour l’hygiène intellectuelle et mentale, un exercice salutaire, une sorte de gymnastique suédoise de l’esprit, un Müller mental. Il consiste à faire la meilleure des preuves, qui est la preuve par le contraire. Est-ce Pesloüan, est-ce moi qui l’avons inventé. Les questions d’origine se perdent toujours dans la nuit des temps. C’est plutôt nous deux. Ce que je sais c’est que nous le pratiquons souvent ensemble, dans nos pourparlers d’expérience. Les résultats sont toujours merveilleux. Il consiste à faire le contraire. C’est un exercice d’assouplissement, de rectification merveilleux. Il consiste à retenir certains faits, nombreux, à mesure qu’ils passent, et à dire, à se demander, de l’auteur, ce que nous venons par exemple de nous demander une fois : Qu’est-ce qu’on dirait s’il était Juif. Non seulement cet exercice rend toujours, mais on est surpris de voir comme il rend, comme il rectifie. Combien il rend. On voit vite alors, on compte aisément que les plus grands scandales et les plus nombreux ne sont point des scandales juifs. Et il s’en faut.

Sans nous livrer délibérément ici à cet exercice, n’est-il pas frappant déjà, au premier abord, que nos grandes hontes, nos hontes nationales, Jaurès, Hervé, Thalamas, ne sont point juives, ne sont point des Juifs. Il est même très remarquable au contraire, une fois que l’on compte ainsi, combien peu de nos hontes sont juives, il est remarquable que parmi les prota-