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C’est pas étonnant, ils sont Juifs. Ils se soutiennent entre eux. — Mais, mon ami, les riches chrétiens n’ont qu’à en faire autant. Nous n’empêchons pas les chrétiens riches de nous soutenir entre nous.

C’est pas facile d’être Juif. Avec vous. Et même sans vous. Quand ils demeurent insensibles aux appels de leurs frères, aux cris des persécutés, aux plaintes, aux lamentations de leurs frères meurtris dans tout le monde vous dites : C’est des mauvais Juifs. Et s’ils ouvrent seulement l’oreille aux lamentations qui montent du Danube et du Dnièpr vous dites : Ils nous trahissent. C’est des mauvais Français.

Ainsi vous les poursuivez, vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Vous dites : Leur finance est juive, elle n’est pas française. — Et la finance française, mon ami, est-ce qu’elle est française.

Est-ce qu’il y a une finance qui est française.

Vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Au fond, ce que vous voudriez, c’est qu’il n’existent pas. Mais cela, c’est une autre question.

Que n’aurait-on pas dit s’il avait été Juif. Ils sont