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d’avanies. À mon banc. Dans mon journal même. À mon banc Guesde n’en rate pas une. Il ne manque point, il ne manque jamais de s’adresser à la Chambre au long de mes oreilles. Aussi comme je respecte, comme j’admire, comme j’estime, comme je vénère ce grand Guesde, ce dur Guesde. De cette vénération qui est pour moi le même sentiment que l’effroi. Comme je me sens petit garçon à côté de ces hommes, à côté d’un Guesde, à côté surtout d’un Hervé.

Et ce goût de l’ingratitude, que j’ai, qui est au fond le même que le goût de l’avanie. Voyez comme aujourd’hui je traite et laisse traiter (ou fais traiter) Gérault-Richard qui pendant huit ans s’est battu pour moi.

Ainsi parle Jaurès. Deuxièmement, dit-il, si je suis resté avec Hervé, c’est précisément pour l’affaiblir, pour l’énerver, pour lui oblitérer sa virulence. C’est ma méthode. Quand je vois une doctrine, un parti, devenir pernicieux, dangereux, autant que possible je m’en mets. Mais généralement comme j’en suis j’y reste. Mais alors j’y reste complaisamment. J’adhère. Je m’y colle. Je parle. Je parle. Je suis éloquent. Je suis orateur. Je suis oratoire. Je redonde. J’inonde. Je reçois précisément ces coups de pied au quelque part que fort ingratement vous me reprochez. (Pourquoi me les reprochez-vous, vous à moi, puisque moi je ne les reproche pas à ceux qui me les donnent). Mais ces coups de pied, ça n’empêche pas de parler, au contraire. Ça lance pour parler. Enfin bref, ou plutôt long, après un certain temps de cet exercice, (et je ne parle pas seulement, j’agis en outre, j’agis en dessous), (j’excelle dans le tra-