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d’unification, ce sont les troubles ententes, les avances, les platitudes, les plates capitulations de Jaurès à Hervé et à tout le hervéisme. Ce qui fut dangereux dans Hervé et dans le hervéisme, mortellement dangereux, ce ne fut point tant Hervé lui-même, ce ne fut point tant le hervéisme. Ce fut Jaurès et le jauressisme, car ce fut cette incroyable capitulation perpétuelle de Jaurès devant Hervé, cet aplatissement, cette platitude infatigable. Cette capitulation en quelque sorte autorisée, officielle, revêtue d’un grand nom et du nom d’un grand parti, qui seule par conséquent pouvait lui donner quelque autorité et le lui donna, quelque vêtement, quelque consécration. Cette capitulation constante qui ne gonfla pas seulement Hervé d’orgueil, mais qui le revêtit très authentiquement d’une autorité morale, d’une autorité politique, d’une autorité sociale. Car l’homme qui l’autorisait ainsi, et de la meilleure des autorisations, en capitulant perpétuellement devant lui, et presque solennellement, en causant même avec lui, avait lui-même une haute autorité morale, celle précisément que nous lui avions conférée, il avait une grosse autorité politique, une grosse autorité sociale. Il ne faut jamais oublier que pendant toute cette période cet homme, par cette invention qu’il avait faite du combisme, et qu’il maintenait, patronnait, protégeait représentait le gouvernement même de la République. Il y eut ainsi un des plus beaux cas qu’il y eût jamais eu de détournement d’autorité morale, politique et sociale. Et ainsi de report de la responsabilité. Sans Jaurès Hervé n’était rien. Par Jaurès, avec Jaurès il devint autorisé, il devint authentique, il devint (comme) un membre, et secrètement à beaucoup près le plus