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seulement s’en revêtir et s’en servir et apparaître avec mais continuer à l’exciter. Ils voulaient, ils entendaient jouer le double jeu, ils voulaient jouer ensemble les deux jeux contraires, et le mystique, et le politique, qui exclut le mystique, ils se préparaient à jouer le double jeu, ils entendaient jouer ensemble de leur politique et de notre mystique, cumuler les avantages de leur politique et de notre mystique, s’avantager ensemble de leur politique et de notre mystique, jouer toujours ensemble le temporel et l’éternel.

Jouer le temporel avec les puissants de ce monde et en même temps faire appel à la mystique et à l’argent des pauvres gens, puiser toujours dans le cœur et dans la bourse des pauvres gens.

C’est ce qui fait que la responsabilité de Jaurès dans ce crime, dans ce double crime, dans ce crime au deuxième degré est culminante. Lui entre tous, lui au chef de l’opération il était un politicien comme les autres, pire que les autres, un retors entre les retors, un fourbe entre les fourbes ; mais lui il faisait semblant de n’être pas un politicien. De là sa nocivité culminante. De là sa responsabilité culminante. Quand les nationalistes, professionnels, disaient que nous étions le parti de l’étranger, ils ne pouvaient que nous calomnier, ils ne pouvaient que nous faire un tort temporel, à la limite un tort temporel limite, à l’extrême un tort temporel extrême. Quand Jaurès au contraire parlait pour nous, s’avouait pour nous, quand à ce titre, à notre titre, il intercalait le dreyfusisme et l’affaire Dreyfus d’une part dans l’antipatriotisme, politique, dans l’antipatriotisme hervéiste, dans la politique antipatriotique, hervéiste, dans l’agitation, dans la déma-