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Paris, 6 août 1902, quand on voulait que la loi Waldeck eût un effet global, et qu’elle eût un effet rétroactif, Quand Jaurès se présente devant nous pour soutenir une œuvre qu’il approuve, à laquelle il veut collaborer, il doit, parce qu’il est Jaurès, parce qu’il a été notre compagnon dans une bataille qui n’est pas finie, (ce qu’il y avait d’admirable en effet, même au point de vue politique, au seul point de vue politique, et Bernard-Lazare, avec sa grande lucidité politique, l’avait aperçu instantanément, c’était qu’on n’avait même pas attendu la fin de l’affaire Dreyfus, la conclusion pour opérer la contamination, la dégénération, le déshonneur, la déviation, la dégradation de mystique en politique, mais c’était entre les deux affaires Dreyfus même que l’on se préparait à la commettre, à l’accomplir, avant même d’avoir liquidé l’affaire, au moment même où on se préparait à la rouvrir, à la reprendre), c’est-à-dire qu’on avait commencé d’opérer la dégénération de mystique en politique au moment même où l’on se préparait à faire appel de nouveau à toutes les forces, aux forces incalculables de la mystique.

C’est pour cela que nos politiciens, que nos politiques furent les derniers des criminels, qu’ils furent des criminels au deuxième degré. S’ils n’avaient fait que leur politique, pour ainsi dire professionnellement, s’ils n’avaient fait qu’exercer leur métier de politiciens, ils pouvaient n’être coupables qu’au premier degré, criminels qu’au premier degré. Mais ils voulaient en même temps conserver tous les avantages de la mystique. Et c’est cela très précisément qui constitue le deuxième degré. Ils voulaient bien en même temps trahir la mystique et en même temps non pas seulement s’en réclamer, non pas