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nous, par nos soins, aujourd’hui par nos soins, avec nous cette mystique naturellement apparaît.

Elle était notre force, à nous autres faibles, à nous autres pauvres. La mystique est la force invincible des faibles.

Mais toute la différence qu’il y a, c’est qu’elle était inconnue ; et qu’aujourd’hui, avec nous, en nous elle est connue.

C’est pour cela que je veux bien qu’il y ait une apologie pour notre passé, et que je la trouve très bien faite, pourvu qu’il soit bien entendu seulement qu’il ne s’agit pas de notre passé, à nous, mais du passé des autres. Mon passé n’a besoin d’aucune apologie. Autrement il y aurait, il se produirait un effet, une illusion d’optique, extrêmement injurieuse pour nous ; et injuste ; et sotte. Un certain nombre, un petit nombre de dreyfusards, le dessus, ont fait, ont subi des démagogies, toute une démagogie, toute une politique dreyfusiste. Un certain nombre, un très grand nombre d’autres, nous, les dessous, les profondeurs, les sots, nous avons tout fait, tout exposé pour demeurer fidèles à notre mystique, pour nous opposer à l’établissement de la domination de cette politique. C’est nous qui comptons. C’est nous qui représentons. C’est nous qui témoignons. C’est nous qui sommes la preuve. Nous voulons bien que les autres fassent des défenses et des apologies, des remords, des regrets et des soucis, qu’ils fassent des repentirs et des pénitences, laïques, qu’ils demandent et qu’ils obtiennent des absolutions, laïques, civiques, civiles et