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teurs qui sont très heureux. — L’auteur n’a jamais dit le contraire. Lui-même il a dit combien il y en a d’heureux, de pauvres, de malheureux, de misérables pour une compagnie déterminée. — Ils se marient comme ils veulent. — Je n’en sais rien. — Les paysans les estiment ; dans les villages les dots les plus fortes sont pour eux ; ils font des bons mariages. — N’oublions pas que l’auteur a fait manquer à Jean Coste un mariage préparé par ses parents pour être un bon mariage. — Ah dame ! s’ils veulent faire des mariages d’inclination ! Et puis aussi pourquoi a-t-il tant d’enfants ? — Quatre. — C’est vouloir être malheureux.

— J’y consens ; mais puisque c’est ainsi que répondent les hommes sincères et réalistes, les hommes établis et sérieux, il faut savoir si derrière l’apparat des discours officiels tout l’idéal de vie que la troisième République propose à un assez grand nombre de ses loyaux serviteurs est le mariage d’affaires ou le célibat perpétuel.

Je ne reviendrai pas aujourd’hui sur l’histoire du Jean Coste avant sa publication ; les campagnes les plus acharnées de calomnies ne me feront pas revenir sur d’anciens incidents ; je rappelle seulement, et Lavergne aime à rappeler que sans nos cahiers Jean Coste n’aurait jamais vu le jour. Le livre fut longtemps aussi misérable que le personnage, et, au fond, de la même misère. L’histoire de Jean Coste après sa publication présente un intérêt considérable.

Ce livre réussit ; il n’avait pas été fait pour plaire, mais il réussit ; par ce livre simple un très grand nombre de lecteurs furent simplement émus ; un très