Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/498

Cette page a été validée par deux contributeurs.

introduit un système nouveau, il est loyal, il est sérieux, et c’est pour nous une garantie qu’il cherche dans une science véritable, dans une science authentique, une base d’appui profonde et sérieuse pour sa technique nouvelle ; c’est un cas nouveau, c’est un nouveau cas particulier de ce qu’on nomme un peu improprement l’application de la science aux arts et métiers et qui est bien plutôt la recherche, la justification, la poursuite, la revendication des arts et métiers dans la science, à l’intérieur et dans les profondeurs toujours creusées, creusées tous les jours plus avant, de la science.

Car cette phonétique n’est pas comme la sociologie, une science qui n’existe pas. Elle est une science qui existe, c’est-à-dire qui travaille sur une réalité. Et à ce titre elle est respectable. Elle est instructive. Elle est consultative. Elle travaille sur la réalité de la prononciation.

Spire avait eu un instant l’idée de mettre lui-même en tête de son cahier un bref exposé de sa technique, ou de demander ce bref exposé à quelqu’un de ses camarades et de ses collaborateurs au laboratoire de phonétique. Au dernier moment, il a renoncé à cette idée. Il a eu cent fois raison. Il est poète, que diable. Il nous a donné son œuvre. Une œuvre se défend toute seule. Une œuvre affirme son rythme et prouve sa technique. Sans préface ni commentaires. Et son œuvre à lui se défend mieux que tout autre.

Ce silence de l’auteur m’imposerait peut-être le devoir de parler un peu en sa place pour lui si je connaissais un peu mon métier de gérant. Mais je ne suis point de ces prévôts qui ont des lumières de tout et malheureusement je n’ai point de compétence dans ces questions de