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admirables du monde. Je serais bien embarrassé de vous donner la référence. On peut donner des références pour du Hugo. Pour les saints c’est beaucoup plus difficile. C’est une histoire qui est vulgaire chez les catholiques. Elle court les catéchismes. Parlez-en à un catholique. Son premier mouvement sera de vous rire au nez. Parbleu, si je la connais, votre histoire. D’ailleurs il n’en mesure point l’immense amplitude, comme le paysan ne sent pas l’odeur de la terre, parce qu’il y est habitué. Son deuxième mouvement, surtout s’il est un peu un catholique savant, comme il y en a tant aujourd’hui, sera d’avoir un peu honte et de vous dire, négligemment et sur un certain ton qu’ils ont pris afin d’imiter la Sorbonne : D’ailleurs c’est une anecdote qui est attribuée à plusieurs autres saints. Les catholiques sont à battre avec un grand bâton, quand ils se mettent à parler sur un certain ton scientifique de leurs admirables légendes, afin de se mettre, de se hisser, à la hauteur de deux philologues traitant de trois versions d’un même épisode homérique. Son troisième mouvement est de courir chercher dans les textes et de vous rapporter enfin qu’il n’y a trouvé aucune trace de cette légende.

Ce troisième mouvement est le plus décidément le mauvais.

Je ne suis pas comme lui, moi. J’affirme que cette histoire est authentique, et cela me suffit, parce qu’elle est une des histoires les plus admirables que je connaisse. Moi aussi je pourrais vous dire qu’elle me paraît dépasser de beaucoup ce petit saint assez niais qui me paraît avoir été un des plus fréquents exemplaires, un des plus communs échantillons du petit saint jésuite. Mais c’est l’avantage des saints sur nous