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verticale, dans les régions gouvernementales toute la force militaire allemande est menace, promesse, préparation, offensive et offense ; toute la force militaire française au contraire est menacée, défensive et défense ; demandons seulement qu’elle aussi elle soit toute préparatoire. Dans les régions insurrectionnelles, toute insurrection française serait dangereuse, — pour la défense militaire, — parce que toute insurrection française serait sérieuse, parce que les Français, ou du moins certains Français, feraient l’insurrection, ou feraient de l’insurrection comme les Français font tout ou font de tout, sérieusement ; il n’y a que les Français qui aient successivement pris au sérieux tant de théories contradictoires ; et l’insurrection allemande au contraire serait une opération non réelle, à l’allemande, purement imaginaire, purement doctrinale, purement dogmatique, purement politique et parlementaire, nullement sérieuse, nullement dangereuse pour l’offense militaire ; une supplication elle-même et non point une révolution. Car les Allemands aussi ne sont point révolutionnaires, les Allemands aussi sont supplicationnaires, plus lourdement que personne, et malgré toutes les apparences qu’ils veulent se donner, sous toutes ces apparences, la supplication comme nous l’avons définie est la forme que prennent chez eux toutes les revendications.

Ainsi ces deux inégalités, bien loin de s’opposer et de se compenser, s’ajoutent au contraire et s’alourdissent l’une l’autre. Du côté militaire allemand tout est offense ; du côté militaire français tout est défense. Du côté insurrectionnel français, il y aurait, parmi les citoyens entraînés, quelques éléments, quelques hommes sérieux ; du côté insurrectionnel allemand, rien de sérieux ; c’est