Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défendre le pays allemand menacé. En un mot il parle de ce dont il ne s’agit pas, ce qui est le commencement des tactiques politiciennes dans tous les pays du monde. Car il n’y a jamais eu qu’un internationalisme réalisé. Et c’est celui du verbalisme politique parlementaire et des grosses malices politiques recousues de fil parlementaire dans tous les pays politiques parlementaires du monde.

Quand Bebel répond que les socialistes allemands finiront par être conduits à se demander s’ils continueront à défendre le pays allemand, il ne répond pas à la question, il imagine, il feint, il imite une question imaginaire opposée à la question réelle réellement posée. Ce qui est en cause réellement, ce n’est point la défense du pays allemand. C’est, ce qui est le contraire, la défense du pays français.

C’est abuser au delà des limites permises que d’imaginer un balancement exact où le gouvernement bourgeois français ferait symétriquement contre-poids au gouvernement impérial allemand et par suite où l’insurrection hervéiste française ferait un nécessaire contrepoids à une insurrection hervéiste allemande. Pour que ce raisonnement fût admissible, pour que cette imagination ne fût pas purement imaginaire, il faudrait que de part et d’autre les deux parties de cet équilibre imaginaire fussent égales elles-mêmes en toutes leurs parties sous-partielles, en toutes leurs subdivisions, ou que de part et d’autre les totaux au moins fussent égaux ou équivalents. Or nous sommes au contraire fort éloignés d’une égalité, et même d’une équivalence. Du côté gouvernemental, ou, pour ne point faire chevaucher deux jeux de comparaisons, une horizontale et une