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cette fois et dans la réalité nous lui demandons que non seulement il ne participe point au crime que son empereur non seulement médite, mais prépare contre nous, mais qu’il s’y oppose de toutes ses forces et par tous les moyens. Comme nous nous y opposons, comme nous nous y opposerons nous-mêmes.

On embarbouille à plaisir ces questions, je veux dire ces demandes, ces interrogations si simples de la réalité en les altérant, en les transformant en cas logiques, voire mathématiques. Mais que deviendraient les charlatans politiciens parlementaires s’ils ne gagnaient pas leur pauvre vie en embarbouillant toutes les questions. Il ne s’agit point, aujourd’hui, de tous ces cas de prétendue conscience amphigouriques. Il s’agit d’un événement réel. Car il ne suffit plus de dire que nous sommes sous la menace militaire allemande. Il faut dire aujourd’hui que nous sommes sous la préparation militaire allemande. Et même il faut dire que nous sommes aujourd’hui sous la promesse ferme militaire allemande.

Cela étant, quand Bebel parle de la défense du pays allemand, je ne dirai pas qu’il fait le jeu de la politique impériale allemande, parce que ce serait pousser un peu loin le souci de l’exactitude, mais il adopte la version impériale allemande des événements actuels, mais il entre dans cette version. Qui est que ce serait l’Allemagne elle-même qui serait en danger d’invasion. Quand il répond que le peuple allemand finira par se demander s’il doit continuer à défendre le pays allemand, il suppose, il feint, il confirme que la demande à laquelle il est contraint de répondre ainsi est en effet la question de savoir si et comment les Allemands doivent