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politiciens) pour la punir, dit sensiblement M. Hervé, pour la peine, comme disent les enfants geignards, nous attendrons que tout ce peuple soit sous le coup de la plus atroce et de la plus pesante invasion militaire, et alors nous nous mettrons à le fusiller dans le tas, histoire de prouver combien nous sommes des pacifistes. — Nous ne demandons nullement que Bebel étende aux socialistes allemands ce raisonnement ingénieux. Nous demandons au contraire, nous espérons que si par impossible un gouvernement césarien de réaction militaire français préparait, aussi ouvertement, exécutait une invasion militaire des provinces rhénanes pour écraser les libertés nationales, politiques et sociales des Allemands, nous espérons que les socialistes allemands se lèveraient comme un seul homme contre ceux de nos Français qui se feraient les complices de ce crime. Et ces Français ne seraient pas nous. Car contre ce crime nous serions les premiers à donner non seulement le précepte, mais l’exemple non seulement de la désertion, mais de l’insurrection et de la révolte. Et cette insurrection-ci ne serait autre que la traditionnelle insurrection révolutionnaire française. Mais tel n’est pas, tel n’est nullement le cas aujourd’hui. Nous ne demandons pas à Bebel de ne pas défendre son pays dans une hypothèse gratuite imaginaire opposée à l’hypothèse qui se présente réelle aujourd’hui. Nous lui demandons de ne pas attaquer, de ne pas contribuer à attaquer le nôtre dans l’hypothèse réelle qui se présente aujourd’hui. Nous ne lui demandons pas de ne pas s’opposer à un crime qui serait commis par des armées françaises. Nous lui demandons au contraire qu’il s’y oppose ; de toutes ses forces et par tous les moyens. Mais pour