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même je regrette que le poste d’ambassadeur à Paris soit aussi demandé. Quand éclate une guerre militaire, il faut une intendance et des magasiniers : c’est une fonction, ce sont des fonctionnaires strictement indispensables. Je n’en plains pas moins celui qui, au lieu de répondre à l’appel sur la ligne de feu, se précipite dans l’intendance et dans le corps d’élite des magasiniers.

Parmi ces noms d’orateurs, autant que je connaisse un peu de français, il me semble que je reconnais des noms français. Un homme extraordinaire, qui à Paris lit encore l’Humanité ailleurs que dans les coupures du Matin, un être singulier, notre collaborateur M. Pierre Mille, du Temps, nous contait récemment dans ce dernier journal que Jaurès commence à s’apercevoir que l’empereur d’Allemagne n’est un apôtre ni de pacifisme, ni de socialisme, ni même de libéralisme, et qu’il n’est point un défenseur absolument irréductible des libertés nationales, politiques et sociales. Si Jaurès continue, et surtout si son intérêt politique l’y pousse un tant soit peu, il finira par découvrir des vérités premières.

Il y a aussi Hervé, socialiste unifié avec Jaurès, qui voulait, nous a-t-on dit, aller en Pologne, voler au secours des Polonais, et former toute une légion polonaise avec les collaborateurs du Mouvement Socialiste. Seulement il n’est point parti. Un homme qui bavarde au lieu d’agir est, par définition même, un parlementaire. Ce Hervé n’est pas un traître seulement. Il est un politicien, et même un politicien de l’espèce parlementaire.

Jaurès et son camarade unifié Hervé finiront peut-être par découvrir, surtout si leurs intérêts politiques les y poussent un tant soit peu, ils finiront peut-être par s’apercevoir que ce n’est point en Pologne que nous au-