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française de l’Internationale ouvrière, — Fédération de la Seine, — GRAND MEETING Pour la Lutte révolutionnaire en Russie, — le lundi 11 décembre 1905, — à huit heures et demie du soir, — Salle du Trianon, boulevard Rochechouart ; orateurs : Jean Jaurès, Édouard Vaillant, Jean Allemane, Francis de Pressensé, Paul Lafargue, Marcel Sembat, Gustave Rouanet, Victor Dejeante, citoyenne Woynarowska, E. Roubanovitch, Dr Leiteisen, Dr Mok, Maximoff, Dr Effron ; entrée : 30 centimes.

Parmi ces noms d’orateurs, autant que je connaisse le russe, il me semble que je reconnais des noms russes ; il me serait très désagréable de prononcer, en des matières aussi délicates, des paroles qui seraient dures ou même simplement sévères ; mais je plains ces Russes, je les plains sincèrement, ces Russes qui parlent, à Paris, dans un meeting, pendant que leurs camarades, pendant que leurs frères se font tuer, en Russie, combattent, réellement, pour la libération de leur peuple.

Je sais bien que l’on me dira qu’il faut bien, qu’il faut aussi à la révolution, — et d’autant plus à la révolution russe qu’elle est plus éloignée, plus isolée, — des journalistes, des ambassadeurs, qui communiquent les nouvelles, transmettent les indications, font part des avis, combattent sur place les calomnies que les ennemis réactionnaires ne manqueront jamais d’apporter. Je sais bien qu’en toute guerre diplomatique, — et il y a aussi une diplomatie des révolutions, — il faut des diplomates, et qu’on investisse des plénipotentiaires. Je sais qu’il faut des ambassadeurs à Paris, selon le meilleur mot que l’on ait fait sur le sionisme. Mais tout de