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russe au contraire, c’est la réaction qui fait l’action : je veux dire que c’est la réaction, constituée en partis politiques et sociaux, qui fait l’action, j’entends au sens que l’on peut donner à ce mot en physique sociale, et c’est le mouvement prétendu révolutionnaire qui fait la réaction, j’entends au sens que l’on peut donner à ce mot en physique sociale. C’est-à-dire qu’il ne fait que la réponse, quand l’autre l’interroge. En un mot tout est à sa place dans un mouvement révolutionnaire, vraiment révolutionnaire ; tout répond à l’attente, et chacun des éléments fait face à sa fonction naturelle : l’action fait l’action, est à sa place d’action ; la réaction fait la réaction, est à sa place de réaction ; dans le mouvement russe, au contraire, tout est renversé : c’est l’action qui fait et qui se laisse faire la réaction, et c’est la réaction qui fournit l’action, initiale. De la réaction, des excès de la réaction naissent et viennent tant de mouvements qui se prétendent révolutionnaires, et ces mouvements qui se prétendent révolutionnaires ne fonctionnent que dans la mesure où tout de même il faut bien qu’ils répondent aux provocations réactionnaires, à des excès réactionnaires insupportables ; ils font le retour perpétuel d’un mouvement perpétuel d’aller et de retour dont ce sont les réactionnaires qui font perpétuellement l’aller ; ils font le perpétuel deuxième temps d’une vibration perpétuelle dont ce sont les réactionnaires qui font perpétuellement le premier temps, et, aujourd’hui, seulement le retour d’une immense oscillation perpétuelle.

C’est pour cela qu’il y a eu tant de fois où nous avons cru en France que ça y était, comme on dit en France ; et ça n’y était pas du tout ; dans des conditions pour-