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Du bonheur impassible, ô symbole adorable,
Calme comme la mer en sa sérénité,
Nul sanglot n’a brisé ton sein inaltérable,
Jamais les pleurs humains n’ont terni ta beauté.

Salut ! à ton aspect le cœur se précipite.
Un flot marmoréen inonde tes pieds blancs ;
Tu marches, fière et nue, et le monde palpite,
Et le monde est à toi, déesse aux larges lianes !

Bienheureux Phidias, Lysippe ou Praxitèle,
Ces créateurs marqués d’un signe radieux ;
Car leur main a pétri cette l’orme immortelle,
Car ils se sont assis dans le sénat des dieux !

Bienheureux les enfants de l’Hellade sacrée !
Oh ! que ne suis-je né dans le saint archipel,
Aux siècles glorieux où la terre inspirée
Voyait les cieux descendre à son premier appel ?

Si mon berceau flottant sur la Thétys antique
Ne fut point caressé de son tiède cristal ;
Si je n’ai point prié sous le fronton attique
Vénus victorieuse, à ton autel natal ;

Allume dans mon sein la sublime étincelle ;
N’enferme point ma gloire au tombeau soucieux ;
Et fais que ma pensée en rhythmes d’or ruisselle
Comme un divin métal au moule harmonieux !

[Au moment où nous mettons sous presse, on m’envoie une fiche d’où il résulterait que dans la grande édition Lemerre, à sept cinquante, du même poème antique, on