Leconte de Lisle, Sophocle, II, Oidipous-Roi :
enfants, race nouvelle de l’antique Kadmos,
pourquoi vous tenez-vous ainsi devant moi avec
ces rameaux suppliants ? Toute la Ville est
pleine de l’encens qui brûle et du retentissement des
Paians et des lamentations. Je n’ai point pensé que je
dusse apprendre ceci par d’autres, ô enfants ! Et je suis
venu moi-même, moi, Oidipous, célèbre parmi tous les
hommes. Allons ! parle, vieillard, car il convient que tu
parles pour eux. Qu’est-ce ? Quelle est votre pensée ?
Redoutez-vous quelque danger ? Désirez-vous être
secourus dans une calamité présente ? Certes, je vous
viendrai en aide. Je serais sans pitié, si je n’étais touché
de votre morne attitude.
Oidipous, ô toi qui commandes à la terre de ma patrie, tu nous vois tous prosternés devant tes autels : ceux-ci qui ne peuvent encore beaucoup marcher, ces sacrificateurs lourds d’années, et moi-même serviteur de Zeus, et cette élite de nos jeunes hommes. Le reste de la multitude, portant les rameaux suppliants, est assis dans l’Agora, devant les deux temples de Pallas et le foyer fatidique de l’Isménien. En effet, comme tu le vois, la Ville, battue par la tempête, ne peut plus lever sa tête submergée par l’écume sanglante. Les fruits de