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avions fini de nous débattre dans le mot-à-mot et dans le français des phrases démembrées, un usage voulait, une tradition exigeait que l’on fît d’un coup tout le français, que l’on reprît le français d’un bout à l’autre. Il est juste en effet, et l’on peut dire que c’est même une réparation tardive, qu’ayant disloqué ce pauvre texte par un usage et par un abus même de tous les appareils connus, on s’efforce, trop tard, malheureusement, de le rétablir, inégalement, infructueusement, de le ressaisir tout, d’un seul tenant, comme il était. Vaine tentative. Ce qui est brisé, est brisé. Je voudrais bien me conformer à cette ancienne habitude mal fondée. D’ailleurs, et puisqu’il s’agit ici de supplications parallèles, puisque de l’autre part nos abonnés dans le cahier d’Avenard ont eu d’un seul tenant la supplication moderne et la réponse moderne à cette supplication, il est équitable, étant conforme au parallélisme que je me propose de respecter, puisque nous avons commencé par le constater, puisqu’il s’est dès l’abord imposé à nous, il est équitable de donner d’un seul tenant aussi la supplication hellénique et la réponse hellénique à cette supplication. Il ne faut point songer à donner ici cette traduction de Jules Lacroix sur qui se firent les représentations triomphales des Français. Cette traduction, commencée en grandeur, continue vite en faiblesse et se poursuit en contre-sens. Ne disons point qu’elle est presque perpétuellement grotesque, d’abord parce que ce n’est pas vrai, ensuite parce que nous devons éternellement respecter les émotions d’art que nous avons une fois reçues. Quel homme de ma génération, jeune alors, ne se rappelle, comme une initiation sacrée, le scéniquement somptueux commen-